Est-ce que devenir maman, c’était une évidence ?
« Complètement. Quand j’étais petite, je disais même que j’en voulais cinq ou six. On rigolait beaucoup autour de moi. Maintenant, je comprends, je vais m’arrêter à deux. L’envie d’être maman est quelque chose qui a toujours été présent. »
Vos enfants sont tous les deux prématurés.
« Effectivement, c’est une spécialité de la maison. Je n’ai pas pu me préparer, ce sont deux naissances qui se sont déclenchées d’elles-mêmes. Gaspard, mon premier, est né avec six semaines d’avance, par surprise. Je me suis laissée porter par les équipes médicales et tout s’est bien passé. On est resté trois semaines à l’hôpital avant de rentrer à la maison. Hormis la surprise de son arrivée précoce, tout allait bien. Par contre, le deuxième, Achille, est né avec onze semaines d’avance, ce qui est beaucoup. C’était une plus grosse surprise, surtout que j’étais suivie de très près. J’ai perdu les eaux pendant que je dormais et on a réussi à le tenir encore au chaud pendant dix jours. »
Vous ne montrez pas vos enfants sur les réseaux sociaux, est-ce pour les protéger ?
« C’est une volonté de pas les exposer sur les réseaux sociaux. Je ne juge personne, mais pour moi, les enfants n’ont pas leur place sur Internet. Ils ne savent pas ce que c’est et on ne sait pas les conséquences que cela peut avoir. Mes enfants n’auront peut-être pas envie que je montre tout ce qu’ils font. Mon mari et moi sommes tous deux journalistes à la télévision, nous connaissons l’impact des images. Nous n’avons aucun problème avec les réseaux, mais on ne s’expose pas non plus de « trop. » Je ne donne pas le bâton pour me faire battre. »
L’envie d’être maman a toujours été présente.
Les femmes osent parler de leurs soucis de santé pré et post-accouchement, qu’en pensez-vous ?
« Je trouve ça super. Il ne faut pas cacher les choses. Il n’y a rien de tabou à dire que les grossesses, c’est compliqué. Je suis quelqu’un de très franc, je n’ai jamais eu peur de dire que j’étais fatiguée, que j’avais mal au dos, que je n’ai pas eu des grossesses faciles. J’ai une bande de copines qui disent également les choses, donc je savais à quoi m’attendre. Mais de manière générale, je trouve que la libération de la parole des femmes est une super chose. »
Est-ce que vous-même, vous avez eu besoin d’aide ?
« C’était un mélange de grand bonheur et de grandes souffrances. J’aime beaucoup mon métier mais il n’est pas très reposant. Je bouge beaucoup, je pars en tournage, je fais des émissions. C’est la fatigue qui a été le plus difficile à gérer. En plus, je suis tombée enceinte tard, j’avais 34 et 38 ans, j’étais peut-être un peu vieille et fatiguée.
Je n’ai pas eu de mal, par contre, à voir mon corps changer. Je n’aime pas ce sentiment de devoir « retrouver la ligne » rapidement. Je dois avouer que j’ai fondu très vite, les deux fois, mais je vivais dans le stress permanent. Je trouve que, puisqu’on met neuf mois à créer la vie, on devrait se laisser neuf mois pour retrouver notre corps. Et puis, si on ne le retrouve pas, ce n’est pas grave. »
Votre mari (Adrien Devyver, journaliste sur la RTBF) souffre de TDA-H. Avez-vous parfois l’impression d’avoir trois enfants à la maison ?
« Je suis constamment épuisée. Adrien, je l’appelle ma tornade, il arrive et il déplace tout sur son passage. Ça apporte une dynamique différente à notre vie de famille. Mais c’est vrai que par moment, c’est épuisant. Je le lui dis. Puis avoir des enfants en bas âge, ce n’est pas évident non plus. »
Vous avez décidé de changer de registre dernièrement, avec votre émissions “Les petits patients”, consacrée aux enfants hospitalisés. Parmi ceux-ci, on retrouve un grand prématuré.
« La petite Juliette est effectivement une grande prématurée. Mon expérience nous a poussés à vouloir montrer ce qu’était le service de néonat. Quand tu accouches prématurément, tu vis littéralement pendant un certain temps dans ce service spécialisé. On y retrouve tous ces petits bébés qui doivent encore grandir, c’est un univers particulier. On a remarqué que lorsqu’on en parle, les gens ne comprennent pas totalement ce que c’est, donc montrer en images ce qu’est un bébé prématuré, c’était une volonté. Quand je montre des photos de mes enfants aujourd’hui, on ne peut plus deviner qu’ils sont nés trop tôt. »

On vous voit habituellement dans un registre plus sombre, concernant la justice. Comment faites-vous, à la fin de la journée, pour mettre tous ces sujets de côtés ?
« Au début, j’ai eu beaucoup de mal. Je faisais des cauchemars, je m’impliquais beaucoup trop dans ces affaires. J’ai appris à simplement créer un sas à la fin de la journée. Et le sport m’aide énormément pour évacuer tout le stress. Finalement le plus difficile, ce n’est pas les émissions d’affaires criminelles, Avec ”Les Petits Patients”, c’est différent. C’est plus personnel, mais l’émission est très positive, tous les patients vont bien, mais l’implication n’est vraiment pas pareil. »
Votre fils, Achille, né en mai 2022, est né avec onze semaines d’avance. Comment va-t-il aujourd’hui ?
« Il n’a pas de séquelle. La médecine a très bien évolué, aujourd’hui, on sait comment prendre les choses. J’ai laissé mes bébés grandir à leur rythme. Nous avons fait beaucoup de peau à peau, nous relayant non-stop pour que le bébé se sente bien. Il n’y a rien de mieux pour l’enfant, qui va continuer à grandir à ce contact. Ça régule la température, la respiration, le rythme cardiaque. C’est vraiment très bénéfique. Aujourd’hui, Achille a un an et il va très bien. »
Et son frère, Gaspard, né en 2018, comment a-t-il vécu son arrivée ?
« Nous avons eu la chance d’être très bien entourés pour ce qui est de la logistique. Comme je le disais, on s’est relayés pour que nos enfants ne se sentent pas délaissés. Nous avons pris du temps pour être avec Achille, du temps pour être avec Gaspard. Il a bien vécu l’arrivée de son frère, mais comme tous les enfants de son âge, il trouve que papa et maman s’occupent trop du bébé. »