Interview par Frédéric Vandecasserie

Jean-Michel Saive: « Le sport reste indispensable pour moi ! »

Rangé des raquettes, Jean-Michel Saive garde la passion du sport de haut niveau, puisqu’il occupe la Présidence du COIB (Comité Olympique et Interfédéral Belge) – Team Belgium, et aussi celle du sport en général.

Vous avez définitivement arrêté le tennis de table en 2019. C’était lié à l’âge ?

Ma retraite s’est opérée en plusieurs étapes, en fait. La première remonte à mon 25ème titre de Champion de Belgique en 2014, lorsque j’ai décidé de ne plus y participer. C’était non seulement un beau chiffre, mais cette journée était aussi, tant émotionnellement que physiquement, assez lourde. Après, je me suis qualifié pour les premiers Jeux Européens,
à Bakou, en 2015. Puis, j’ai arrêté à l’international juste après. Mais je jouais encore au niveau belge. C’était au Logis, à Auderghem, de 2012 à 2019. J’ai pris un maximum de plaisir les cinq premières années. Mais, de 2017 à 2019, j’ai continué, un peu en pilotage automatique, je l’avoue. Objectivement, les deux dernières années là-bas ont été les années de trop. Mais le reste, j’insiste, ce n’était que du fun !

Mais, après une telle carrière, même si vous avez un autre job maintenant, on imagine que la pratique d’un sport vous reste indispensable…

Si j’ai arrêté le tennis de table, je me suis investi dans mes passions pour le cyclisme et le golf ! Le sport a toujours fait partie de ma vie. Je passe sur la balance deux fois par jour, matin et soir, depuis quelques décennies. J’ai parcouru 9400 kilomètres à vélo l’an dernier. Là, j’en suis déjà à près de 7000 kilomètres cette année. J’ai notamment effectué une bonne partie du parcours du « Tour des Flandres » en compagnie d’amateurs plus qu’éclairés. Pour résumer, je dirais que mon sport d’entraînement cardio, c’est le vélo. Et que mon sport-hobby est plutôt le golf.

Quels sont les avantages de ces sports pour un quinqua accompli ?

Pour le vélo, si on ne tombe pas, on ne se fait pas mal. Et puis, on peut adapter la longueur des sorties et le relief que l’on s’apprête à parcourir à sa condition physique. J’essaie de rouler quatre à cinq fois par semaine. Je possède même une installation pour rouler à l’intérieur quand il fait mauvais. Quant au golf, c’est la vie au grand air, c’est faire bouger son corps, le plaisir entre amis… C’est essentiel aussi. Bref, oui, le sport est resté un besoin. D’autant plus que je suis gourmand et que je dois donc veiller à éliminer.

Mon sport d’entraînement cardio, c’est le vélo. Mon sport-hobby est plutôt le golf.

Cette volonté de rester sportivement actif est-elle générale chez les anciens sportifs ?

En grande partie, oui, je pense. Je le constate chez beaucoup d’anciens sportifs. Je sais par exemple que le perchiste Sergeï Bubka fréquente encore assidûment les salles de sport à près de 60 ans.

Beaucoup de gens profitent aussi du fait de disposer de davantage de temps à leur retraite pour se lancer dans de nouveaux défis sportifs. Ce sera aussi votre cas ?

Je me dis en tout cas que quand j’aurai un agenda plus dégagé, j’en profiterai sans doute pour fréquenter des endroits où j’ai peu été, voire pas du tout, à vélo, dit Jean-Michel Saive.

Quand vous regardez des images de vous évoluant au plus haut niveau mondial par le passé, vous vous dites quoi ?

Je tire une réelle fierté d’avoir popularisé le tennis de table en Belgique ! Ensuite, je me dis que c’était quand-même « balaise » d’avoir été numéro un mondial. Enfin, je retiens le partage et la communion avec le public toutes ces années. Il y a eu les résultats, la médiatisation, les chiffres d’audience positifs. On est parvenu à glaner du temps d’audience à la télé car toutes les planètes étaient parfaitement alignées. C’était du délire… Et puis quand je revois tout ça, je vois aussi tout ce que je ne pourrais plus faire aujourd’hui et que je faisais avant, rires Jean-Michel Saive.

Jean-Michel Saive

C’est un regret ?

Absolument pas ! On me demande souvent à quel niveau je me situerais si je jouais encore aujourd’hui, et je réponds chaque fois que je ne veux même pas le savoir. C’est fait et c’est passé ! Je sais que j’ai été le meilleur du monde à un certain moment, c’est énorme et cela me suffit amplement. On me demande aussi régulièrement si je jouerais le Championnat du Monde réservé aux vétérans. Et je rétorque chaque fois que oui, pourquoi pas… mais en golf, alors. Me remettre à la table signifierait une pression physique, psychologique et trop d’attentes sur les épaules. Je n’ai juste pas envie ! dit Jean-Michel Saive.

On imagine que certains aspects du sport de haut niveau, comme la préparation physique ou la nutrition, ont évolué vers plus de perfectionnisme qu’il n’y en avait à votre époque ? Exact. Et je le constate lorsque j’assiste à des stages de préparation olympique. La récupération, la nutrition et toute cette périphérie du sport ont vraiment évolué dans un tout bon sens. Souvent, je me dis: « Si j’avais bénéficié de tout ça durant ma carrière, j’aurais sans doute encore mieux performé ! »

Qu’est-ce que le sport de haut niveau vous apporte dans vos fonctions actuelles ?

Ce qui m’aide ici au quotidien, ce sont mes carrières sur et en dehors des terrains. Cette expérience-là me sert un maximum, oui. Il existe une autre similitude essentielle entre le sport de haut niveau et le management, cela dit: il faut savoir bien s’entourer. Dans les deux cas, c’est indispensable, explique Jean-Michel Saive.

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Les médias sociaux ? Du bon et du moins bon !

« Pour moi, à l’heure actuelle, le gros souci provoqué par les réseaux sociaux tient plutôt au respect de la vie privée. Quand je suis dans un café, j’accepte de me laisser prendre en photo si les gens me le demandent. Je suis assez généreux de ma personne. Par contre, je déteste les photos volées, prises alors que je n’en ai pas envie. Tout cela reste très dur à gérer quand on possède un minimum de notoriété. »

25.11.2022
par Frédéric Vandecasserie
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