Interview par Aline Cordier Simonneau

Barbara Opsomer : « J’essaye d’être la maman que j’aurais aimé avoir »

Chanteuse et comédienne, Barbara Opsomer est installée à Marrakech avec son fils et son compagnon. Nouveau rythme de vie, équilibre professionnel et personnel, éducation, valeurs… elle évoque son changement de vie depuis la naissance de son enfant.

On dit souvent que l’arrivée d’un premier enfant est un vrai bouleversement. Comment avez-vous vécu l’arrivée de votre fils ?

« Je suis tombée enceinte au bout d’un mois seulement de relation avec le papa de Gabriel. J’essayais depuis quelque temps d’adopter un petit garçon rencontré à l’occasion d’une mission humanitaire, mais cela ne fonctionnait pas. Quand Gabriel est arrivé, j’ai bien sûr voulu le garder. Je me suis dit que c’était un cadeau du ciel. Du point de vue de notre couple, cela a tout de même été difficile, car au bout d’un mois de relation, on ne se connaît pas, on est encore dans la passion. Cela a été un choc pour moi, et encore plus pour le papa de Gabriel. Nous ne savions pas comment réagir. Cela a chamboulé notre vie de couple et notre vie en général. Par la suite, nous avons réussi à tout mettre en place pour notre famille et tout se passe sereinement aujourd’hui. »

Quelles sont les différences notables quand on passe d’une vie sans enfant à une vie avec enfant ?

« Avant l’arrivée de Gabriel, j’étais une femme libre, je sortais tout le temps. Je pouvais partir en voyage sur un coup de tête, prendre des décisions à la dernière minute, voir des amis à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, etc. J’avais une vie démesurée dans tous les sens du terme. Tout cela n’est plus possible avec un enfant. Ce changement de vie a été un vrai choc. En devenant maman, j’ai pris conscience qu’il n’était plus possible de faire n’importe quoi, et qu’il fallait assurer sur tous les plans, y compris professionnellement et financièrement. J’ai pris une claque ultra violente avec toutes ces nouvelles responsabilités. En fait, j’avais du mal à admettre que ma vie ait totalement changé, basculé. Avec l’aide d’une thérapeute, j’ai réussi à mettre des mots sur cette situation. C’est ce qui m’a permis de l’accepter. Aujourd’hui je suis très heureuse dans mon rôle de maman.

La gestion du sommeil est également une grosse difficulté. Avec un enfant, on ne dort plus aussi bien qu’avant. On s’inquiète constamment. Je suis d’une nature angoissée et l’arrivée de Gabriel a accentué mes inquiétudes : peur au quotidien qu’il lui arrive un petit accident, peur de mal faire les choses, etc. Je me suis renseignée et me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Mes inquiétudes se sont apaisées au fil du temps. »

Quels conseils aimeriez-vous donner aux futurs parents pour vivre le plus sereinement possible l’arrivée d’un enfant ?

« Avant l’arrivée de Gabriel, je ne m’inquiétais pas, car je rêvais d’être mère depuis que j’étais enfant. J’étais certaine d’être épanouie dans ce nouveau rôle. Ce que je ne savais pas, c’est que les blessures et les failles ressurgissent énormément après l’arrivée d’un enfant. Je pensais que l’arrivée d’un enfant allait combler les blessures du passé et les faire disparaître. C’est exactement l’inverse qui s’est passé : tout est ressorti. J’aimerais dire aux futurs parents de prendre le temps de soigner leurs blessures, de travailler sur leur bien-être, car le bébé ne guérira pas les blessures de l’enfance. Elles ressortiront à un moment donné. En devenant parent, on reçoit également constamment des conseils de tout le monde (proches, mères, sœurs, etc.). Autant ne pas trop y prêter attention. Le mieux à faire est d’écouter son cœur et de toujours faire de son mieux. Aujourd’hui j’essaye d’être la maman que j’aurais aimé avoir. Enfant, j’ai souffert des blessures de ma maman. J’en ai aussi voulu à mon père d’être absent. Aujourd’hui je fais tout l’inverse. J’aimerais dire aux futurs parents : soyez les parents que vous auriez rêvé d’avoir lorsque vous étiez enfant. »

Comment faites-vous pour trouver l’équilibre entre votre vie de famille et votre activité professionnelle ?

« J’ai la chance d’être beaucoup à la maison en gagnant ma vie avec les réseaux sociaux. Au début je ne pouvais pas travailler car Gabriel avait de grosses difficultés au niveau du sommeil. Puis les choses sont rentrées dans l’ordre. J’ai profité de lui durant ses premiers mois et jusqu’à l’âge d’un an et demi. Aujourd’hui il va à la crèche et profite des autres enfants. Pendant ce temps, je peux avancer sur mes missions. J’ai plus de liberté durant mes journées et je peux me concentrer sur mes activités professionnelles. Dès que Gabriel rentre de la crèche, je passe du temps avec lui. »

L’arrivée d’un enfant provoque un changement de vie.

Comment garder une intimité et préserver sa vie de famille quand on est très présent sur les réseaux sociaux ?

« Je montre ce que je souhaite montrer. Je n’expose pas toute ma vie. Ma vie de famille est très importante pour moi donc je la préserve. Je fais très attention à ce que je dis ou montre sur les réseaux sociaux. Si on en dit trop, on peut se prendre des rafales de critiques. C’est un métier d’image et j’arrive assez bien à gérer cet aspect. Je montre parfois mon fils car j’ai envie de le montrer. Les gens se sont attachés à lui sur les réseaux sociaux. Je n’ai pas de problème à l’exposer, mais tout cela est maîtrisé. Je le préserve beaucoup. Il m’arrive de capturer des moments de vie, mais sans lui demander de poser et sans contrainte pour lui. »

Quel type de mère êtes-vous et comment décririez-vous votre style parental ?

« J’ai manqué d’amour durant mon enfance. Mes amis disent que je suis une mère poule. Et c’est vrai que je suis une mère très aimante. Mais il n’y a jamais trop d’amour. Je travaille constamment sur moi pour que mon enfant ne vienne pas combler les manques que j’ai eus lorsque j’étais petite. Je suis aidée pour que cela ne se produise pas. Je pense avoir réussi à trouver le juste milieu et être une mère à la fois câline, aimante et marrante. Je sais également punir mon fils quand il le faut. C’est parfois très difficile mais il faut être juste. Nous sommes complémentaires sur ce point dans notre couple et très solidaires du point de vue de l’éducation. »

Quels sont les moments que vous appréciez le plus avec votre fils ?

« Tous les petits moments simples et naturels de la vie deviennent magiques avec un enfant : faire les courses, être à table en famille, aller se promener, etc. J’accepte même de me faire réveiller à 6 heures du matin par une petite voix qui m’appelle. On rigole beaucoup. Tout devient amusant. Je m’émerveille constamment. J’adore bien sûr les moments câlins avec lui, lui faire la lecture, etc. »

Quels sont les modèles de parentalité dont vous vous sentez proches ?

« Je n’ai pas de modèle, car je n’ai pas eu de bon exemple étant enfant. Je ne regarde d’ailleurs pas beaucoup les autres mamans sur les réseaux sociaux. Résultat : je fais comme je veux et ce qui me convient, sans pression. »

maman

Par Cindy Mitray Photographe

Qu’avez-vous appris de vos propres parents ?

« J’ai appris que les blessures de mes parents sont dues à leur enfance. Je souffre d’ailleurs encore de mes blessures. Je ne voulais pas reproduire le même schéma avec Gabriel. Je travaille beaucoup sur moi. J’ai eu une maman très aimante qui a fait ce qu’elle a pu et qui a connu de grosses souffrances durant son enfance. J’ai une relation conflictuelle avec ma maman, même si nous nous aimons beaucoup. De son côté, mon papa n’avait pas reçu d’amour étant enfant et n’a pas réussi à trouver sa place. Aujourd’hui j’entretiens de bons liens avec ma maman. L’arrivée de Gabriel a apaisé la relation avec ma maman, de manière naturelle. »

Vous reconnaissez-vous dans votre fils ?

« Tout le monde dit que c’est mon sosie. Cela me rend fière et me plaît car je le trouve évidemment très beau. Il a toujours le sourire et une joie de vivre incroyable. Il y a toujours beaucoup de rires dans la maison. Il saute vite d’une activité à l’autre, comme moi. Il a un côté souriant, passionné et doux qui me ressemble. »

Quelles sont les valeurs que vous aimeriez transmettre à votre fils ?

« J’aimerais lui transmettre l’estime de soi, pour qu’il s’aime tel qu’il est. En tant que parents, nous l’acceptons tel qu’il est et l’aimerons toujours, quels que soient ses choix. J’aimerais également lui transmettre le sens de l’effort et de la résilience. Tout n’est pas toujours facile dans la vie. Il est donc important qu’il connaisse ces valeurs, qu’il fasse des efforts par lui-même pour obtenir des résultats. J’aimerais lui apprendre à être indulgent envers lui-même et envers les autres, à prendre du plaisir en toutes choses et à voir la vie du bon côté, à être le plus positif possible. Les échecs sont souvent des moments où l’on apprend des choses. Je suis également très amoureuse des animaux, des êtres vivants et de la nature, engagée dans la cause animale. Gabriel aime déjà les animaux lui aussi. »

Pourquoi avoir choisi le Maroc pour y faire grandir votre famille ?

« Je viens au Maroc chaque année depuis 15 ans pour profiter du soleil et du dépaysement. J’y ai participé à une action humanitaire en faveur des nourrissons abandonnés. Cela a changé ma vie du tout au tout. Après cela j’ai eu envie de quitter Paris car je n’y étais plus heureuse. Venir ici était une évidence, car ce pays avait transformé ma manière d’être, de penser. J’avais envie de continuer sur cette lancée. Pour moi, c’est un pays béni. On peut y profiter de grands espaces, de la nature, être souvent dehors, découvrir de nouvelles cultures. C’est une vraie richesse pour Gabriel, et évidemment pour moi qui suis curieuse et adore les voyages. Je m’y sens très bien et vais y rester un petit moment encore avec ma famille. »

Smart
fact

Dans quel lieu aimez-vous vous ressourcer ?

Mon havre de paix est un lieu qui s’appelle « La pause », un oasis désertique. Là-bas, tout est éclairé à la bougie. J’ai pleuré lorsque j’y suis allée la première fois. Je connais ce lieu depuis 15 ans et j’y suis allée à chaque étape difficile de ma vie. Aujourd’hui je vis à 40 minutes de là, donc je peux y aller plus souvent.

 

07.02.2023
par Aline Cordier Simonneau
Article précédent
Article suivant