Comment ta carrière a-t-elle débuté ?
« Quand j’ai débuté, le statut d’ influenceuse n’était pas encore reconnu comme un métier. YouTube en était à ses débuts. Je suivais des études de traduction-interprétation. Pendant deux ans, j’ai posté des vidéos make-up, le soir après mes cours. Je ne touchais aucune rémunération, c’était purement ludique. »
Tu l’aurais cru, à l’époque, si on t’avait dit que cette passion allait devenir ton métier ?
« Impossible ! Quand j’ai démarré les vidéos, les créateurs de contenu n’étaient pas payés. Je n’aurais jamais imaginé en faire mon boulot, encore moins gagner un prix aux People’s Choice Awards à Los Angeles ou animer ma propre émission télé. C’était improbable. Après mes études, je pensais trouver un métier et continuer à poster des tutos pour m’amuser. »
Finalement, ce n’est pas ce qu’il s’est passé.
« J’ai senti qu’il y avait une opportunité et que l’influence pouvait devenir quelque chose de sérieux, même si ça n’en avait pas l’air. C’était le début des demandes de collaboration des marques. La première fois que L’Oréal m’a contactée pour m’envoyer un mascara, je n’en croyais pas mes yeux. Ça me paraissait dingue ! »
Comment a réagi ton entourage quand tu as décidé de te lancer à 100% dans la création de vidéos ?
« Mes parents auraient préféré que je travaille dans la branche que j’avais étudiée. J’ai subi beaucoup de moqueries à l’université. C’était un pari risqué de construire ma vie sur une activité qui ne rapportait rien du tout. Mais j’ai continué envers et contre tout, et j’ai bien fait de croire en moi. »
J’ai senti qu’il y avait une opportunité et que l’influence pouvait devenir quelque chose de sérieux, même si ça n’en avait pas l’air.
Tu travailles avec ton mari Enzo. À part lui, es-tu entourée professionnellement d’une équipe ?
« J’ai toujours créé seule mes contenus. Ça m’a freinée dans les moments où j’avais moins de temps mais je mets un point d’honneur à tout faire moi-même. Je veux que ça reste authentique et je n’arrive pas à déléguer cette partie-là. Depuis 2019, une agence s’occupe du côté administratif, des collaborations et partenariats. »
Sur les réseaux sociaux, tout bouge très vite. Pas trop difficile de rester à l’affût des tendances ?
« Idéalement, il faudrait être présent sur toutes les plateformes en suivant les codes de chacune d’entre elles. C’est pour devenir fou ! Beaucoup de créateurs de contenu font un burn-out à cause de ça. On a décidé de diminuer notre activité sur YouTube, l’appli la plus chronophage. Il fallait faire un choix, on n’est pas surhumains. »
Est-ce que vous parvenez à déconnecter de temps en temps, Enzo et toi ?
« C’est difficile alors on a fixé des règles. Le soir, quand on a terminé de bosser, on ne consulte plus nos mails. Idem pendant les vacances et les week-ends. On essaie de devenir des employés modèles de notre propre société (rires) ! C’est important de se mettre des limites sinon on ne s’arrête jamais. »

On vous retrouve, en couple, aux commandes de l’émission télé L’Internet Show, diffusée sur Tipik. Après le petit écran, tu vises le grand ?
« Jouer un rôle secondaire au cinéma pour le fun, pourquoi pas. Mais je ne suis pas faite pour être actrice. Je déteste retenir des textes, rejouer plusieurs fois la même scène, … Je me sens beaucoup plus épanouie à la télévision. Ce que je préfère c’est l’adrénaline du direct et pouvoir être spontanée. »
Après de nombreuses collab’, aimerais-tu lancer ta propre marque de cosmétiques ?
« J’y pense souvent. J’ai des idées de produits, mais j’ai plus une âme d’artiste que d’entrepreneuse. Les risques financiers m’effraient. Je recherche la stabilité à tout prix. Je serais super fière de créer ma propre marque de maquillage mais sans l’investissement et le stress que ça engendre. »
Que dirais-tu aux jeunes qui veulent se lancer en tant que créateur de contenu ?
« Les chiffres ne déterminent pas qui vous êtes ! Soyez content du travail accompli. Il est facile de percer sur les réseaux sociaux mais le succès peut aussi très vite retomber. En douze ans, j’ai moi-même connu des hauts et des bas… Cela peut être démoralisant et dangereux de laisser sa santé mentale dépendre de statistiques. »
Qu’est-ce qu’on peut encore te souhaiter pour ton métier à venir ?
« J’ai déjà réalisé beaucoup de rêves qui n’en étaient pas à la base. Je suis aux antipodes des gens qui font des plans parce que tout ce que j’ai entrepris est venu à moi, au jour le jour, sans que je n’attende rien. Espérons que ça continue comme ça. Et si tout s’arrête ? J’aurai kiffé ma vie pendant 12 ans grâce à ma passion et c’est déjà génial ! »