Business
Business

Un fossé culturel à combler

09.09.2021
par Julie Garrigue

L’anglais devient une norme dans de nombreuses grosses entreprises, qui vivent leur business sur plusieurs fuseaux horaires à travers le monde. Et sur le papier, quelques heures de différence entre le début de journée des uns et des autres ne semblent pas grand-chose. Qu’en est-il des différences culturelles ?

Business international

Parler d’un fossé culturel, y compris en matière de business international, ne signifie pas que tout est perdu. Et qu’il faudrait se replier sur son marché intérieur. Surtout pas. « On atteint quand même les objectifs », en plaisante Stefano Giusto. Il est dirigeant de l’agence de conseils OnBoard et lui-même conseiller en matière de commerce international. « Quelles que soient les manières de travailler, ce sont juste des façons différentes de gérer les mêmes situations. »

Il en sourit, oui, mais n’en minimise pas, toutefois, la difficulté. « C’est très important de savoir écouter, de savoir regarder, de ne pas imposer, de ne pas être arrogant. Les cultures, d’un pays à l’autre, sont différentes. On ne peut pas faire de copier-coller. Il faut en tenir compte et s’adapter : la façon dont on s’habille, celle dont on salue, etc. Faut-il serrer la main ? S’embrasser ? Ça peut sembler être des détails insignifiants, mais ils ont une grande importance en fait pour abattre des barrières. En particulier dans le commercial. C’est essentiel de savoir comment se comporter avec son interlocuteur. » Tout l’enjeu est là : faire tomber la méfiance, créer de la confiance.

La communication

Or, la communication n’est pas toujours simple, quand on ne parle pas la même langue natale. Le consensus se fait le plus souvent en anglais, langue désormais universelle du business. Mais il serait naïf de croire qu’un Japonais et un Belge parlent « le même anglais ». Conditionnés dans leur façon de penser par leur langue respective, ils y font nombre d’emprunts ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les francophones demandent en mariage (to propose) au lieu de proposer une idée (to suggest) ou qu’ils cherchent à « win money » au lieu de « earn money » (gagner de l’argent). Des propos potentiellement confus pour une autre nationalité !

C’est très important de savoir écouter, de savoir regarder, de ne pas imposer, de ne pas être arrogant.

— Stefano Giusto
Business

Les habitudes de travail

Outre la communication, ce sont les habitudes de travail qui comptent. « Il y a certes moins de différences entre deux pays latins, par exemple, qu’avec l’Inde, l’Afrique, etc. Mais même avec deux pays voisins, il faut faire attention. Bien sûr, il s’agit de généralités, mais en Espagne, les interactions sont davantage parlées. Ils débordent hors du business. Ils aiment bien mélanger le professionnel avec d’autres sujets plus personnels. En France, il y a aussi une approche latine bien sûr. Mais l’ambiance y est plus disciplinée. » Et cela va au-delà des aspects humains. Donc mieux vaut s’y être préparé et avoir fait quelques recherches : « Autre exemple, les délais de réponses ou de paiement peuvent être plus longs en Espagne ou en Italie qu’en France. Ce sont des généralités, mais il faut en tenir compte et s’adapter. »

L’ouverture d’une nouvelle filiale

Et dans le cas particulier de l’ouverture d’une nouvelle filiale ? C’est encore différent de faire du commerce à l’étranger ou de s’exporter à l’étranger. Vaut-il mieux opter pour des locaux ou préférer placer des collaborateurs de chez soi ? « Bien sûr, on trouve des gens compétents partout », rappelle Stefano Giusto. « Mais une entreprise qui veut s’exporter à tout intérêt à envoyer une personne de la maison mère pour poser la 1ère brique. Cela étant dit, cette personne devra chercher à s’acclimater à la culture et étudier le marché. Clientèle locale, concurrence, culture, communication, etc. Une personne locale sera plus rapidement opérationnelle. » Cela reste donc une question sans réponse, un savant calcul entre les coûts, le bon profil et les attentes des employeurs.

Article précédent
Article suivant