multimodalité
Transport & logistique

La multimodalité dans le T&L, un système sur les rails

03.10.2018
par Fokus Online

Le transport et la logistique est un secteur en constante évolution. De nouvelles innovations voient régulièrement le jour ainsi que de nouveaux systèmes de transport. La multimodalité en fait partie. Focus sur la situation actuelle.

Benny Smets
Président de la Febetra

Quel est l’avenir de la multimodalité dans le T&L?

« Tous les modes, la route, la navigation intérieure et le rail, ont leur rôle à jouer. Ce sont des modes complémentaires. Étant donné que 85 % des trajets se font sur une distance de moins de 150 km, il est clair que le transport par route restera un mode essentiel. Le grand atout du transport routier est sa flexibilité. La croissance annoncée du transport fait que tous les modes seront nécessaires. C’est la raison pour laquelle les transporteurs routiers font également appel au rail et au fluvial lorsque les volumes de marchandises s’y prêtent, principalement sur de longues distances. Le camion sert au pré- et post acheminement. »

Quels sont les avantages de la multimodalité sur le long et le court terme?

« La pression sur le réseau routier croît de plus en plus. La multimodalité peut aider à soulager cette pression. Pour les transports où le critère “temps” est moins important et pour les transports sur longues distances, la multimodalité est une solution valable. La multimodalité est malheureusement trop souvent présentée comme la solution miracle. Il faut tenir compte de ses points faibles et de ses points forts et ne pas octroyer des subsides contre toute logique économique. Le monde politique oppose trop souvent la route au rail et à la navigation fluviale au lieu de promouvoir une collaboration entre les modes. »

L’innovation en transport a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années. Comment implémenter cette innovation dans les entreprises/organisations?

« L’environnement et la congestion sont deux thèmes cruciaux. Depuis 2017 la Wallonie autorise sous forme d’un projet pilote les écocombis sur ses routes. Deux écocombis transportent le même chargement que trois poids lourds classiques. C’est donc tout bénéfice pour l’environnement et la congestion. Le secteur investit également de plus en plus dans des véhicules au gaz (CNG ou LNG) dont l’impact environnemental est plus positif que le diesel traditionnel. À l’heure actuelle les véhicules électriques ne sont pas encore disponibles pour le secteur du transport de marchandises. Le poids des batteries, le coût et le rayon d’action des véhicules électriques sont encore trop défavorables. »

Claude Yvens
Rédacteur en chef chez Transportmedia

Quel est l’avenir de la multimodalité dans le T&L?

« Politiquement, la multimodalité est souvent considérée comme une panacée. Mais toute solution multimodale doit d’abord s’inscrire dans l’organisation logistique du donneur d’ordres et des destinataires (en termes de délais de livraison, de fiabilité et de coûts) avant de pouvoir s’imposer. Sur les longues distances, c’est possible si le maillon ferroviaire est suffisamment performant. Ce qui n’est pas toujours le cas. À l’intérieur d’un petit pays comme la Belgique, cela n’a de sens que pour des produits non urgents comme des matériaux de construction ou des déchets. La pertinence économique de projets FMCG comme le “train de la bière” doit encore être prouvée. »

Quels sont les avantages de la multimodalité sur le long et le court terme?

« Les avantages sont liés à la réduction des émissions de CO2. Et à la réduction du trafic routier sur le maillon central de la chaîne logistique. Le deuxième objectif est relativement simple à quantifier. Mais le premier l’est moins, en fonction de l’origine de l’électricité utilisée pour le trajet ferroviaire, par exemple. Cela dit, la multimodalité est loin d’être le seul moyen pour le secteur logistique de résoudre ses maux endémiques (émission, pollution et encombrement du trafic). Des solutions endémiques comme les écocombis, les propulsions alternatives, le meilleur partage des moyens de transport ou des livraisons mieux étalées offrent aussi un beau potentiel. »

L’innovation en transport a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années. Comment implémenter cette innovation dans les entreprises/organisations?

« L’innovation porte à la fois sur le pilotage des flux de marchandises et sur les techniques de propulsion des véhicules. Sur ce plan, le gaz naturel pour les longues distances et la propulsion électrique pour le trafic urbain offrent de belles perspectives. En attendant que l’hydrogène s’impose peut-être un jour. La mutualisation des moyens de transport n’en est qu’à ses débuts. Mais elle nécessite que des sociétés parfois concurrentes acceptent de collaborer, ce qui n’est pas toujours évident. Mais à côté de cela, il y a de puissantes forces contraires, dont la moindre n’est pas l’explosion du commerce électronique qui multiplie les petites livraisons urgentes au bilan carbone élevé. »

Luc De Schrijver
General Manager chez GLS Belgium

Quel est l’avenir de la multimodalité dans le T&L?

« Tout dépend des problèmes d’environnement. Plus ceux-ci vont s’accentuer plus la pression sera grande pour adopter ce système de transport. Et il faut dire que si l’on doit sauver la planète, tous les moyens sont bons pour y arriver, que l’on passe par les voies d’eau ou les chemins de fer. La multimodalité apporte également une réponse dans différents domaines. Ce système est surtout utilisé pour les transports longues distances. Car de ce fait, la rupture de charge peut être supportée. La multimodalité a donc de l’avenir mais à savoir si c’est pour dans 10 ou 15 ans je ne saurais pas le dire. Cela dépend aussi beaucoup des décisions politiques. »

Quels sont les avantages de la multimodalité sur le long et le court terme?

« C’est assez similaire sur le court comme sur le long terme. C’est un chemin qui amène une solution aux problèmes de congestion, d’environnement et de manque de chauffeurs. Il faut noter que ce dernier problème secoue le secteur du transport depuis la crise de 2008 et que le solutionner n’est pas une mince affaire. En ce qui nous concerne, nous ne fonctionnons pas sous le système de la multimodalité. Car nous sommes centrés sur la livraison finale du produit. Devenir multimodal nous ferait perdre en termes de délais. Il faut garder à l’esprit que la multimodalité n’entraîne pas une diminution des coûts par rapport au transport routier. »

L’innovation en transport a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années. Comment implémenter cette innovation dans les entreprises/organisations?

« Notre secteur a développé énormément de transparence et de flexibilité ces dernières années. Mais il reste de gros problèmes de congestion. De plus en plus de gens habitent les villes et les particuliers commandent énormément par Internet. Ce qui augmente les commandes et cette congestion. Les véhicules électriques ne vont pas améliorer cette situation. Mais vont jouer sur l’environnement. L’idée de faire passer les marchandises via les voies fluviales et les villes est une bonne idée mais cela augmentera considérablement les coûts de charge. Il faut voir si les entreprises sont prêtes à mettre le prix. Encore une fois, le politique devra passer par là. »

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