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Entreprendre

War for people: Quand il n’est même plus nécessaire de postuler à un emploi

30.08.2022
par Rosalie Van Hoof

Les entreprises font preuve d’ingéniosité pour pourvoir leurs postes vacants en lançant des « emplois sans candidature » ou en assouplissant les exigences habituelles en matière de diplôme, par exemple. La « guerre des talents » de l’après-coronavirus est-elle devenue une War for People ?

« Il y a effectivement un boom gigantesque du nombre de postes vacants. », affirme Louis Lippens, chercheur doctorant en économie du travail et en sociologie à l’UGent et à la VUB. « Depuis le pic de la crise du coronavirus, les gens ont recommencé à voyager, à séjourner dans des hôtels et à fréquenter les cafés. Cela se traduit par une forte demande de main-d’œuvre dans ces secteurs. La demande reste également élevée dans les secteurs de la construction et de l’informatique. Globalement, il y a plus de postes vacants que de demandeurs d’emploi. La pandémie a provoqué un choc à cet égard. ». 

Un choc qui entraîne dans son sillage des pratiques étonnantes. L’« open hiring » ou embauche ouverte à tous en fait partie. Cette méthode de recrutement importée des États-Unis offre à chacun la possibilité de faire ses preuves, sans devoir postuler. C’est la personne en tant que telle qui est visée, pas la « bonne » personne. « C’est une absurdité. Il est extrêmement facile de trouver des travailleurs aujourd’hui. », déclare Johan Driessens, fondateur de tHRibe.World. « Les attirer, c’est une autre histoire. Ce n’est pas nécessairement dû à la main-d’œuvre disponible, mais à la  » War for People  », pour employer un jargon guerrier. » Dans un monde post-pandémie, les travailleurs souhaitent un emploi qui contribue à leur qualité de vie. « Il ne s’agit pas de tables de ping-pong ou de fruits frais le lundi. C’est un processus extrêmement individuel. Les entreprises, quant à elles, recherchent encore trop souvent une solution passe-partout. » La marque employeur est devenue une case à cocher. « L’authenticité fait défaut. Pour terminer, il y a aussi un grand décalage avec la réalité sur le terrain. ». 

Le vent peut tourner d’un moment à l’autre : l’économie a des ratés, les prix s’envolent, l’inflation est élevée.

- Louis Lippens, UGent/VUB

Autre coup d’éclat : au début de l’année, l’entreprise Vandelanotte, basée à Courtrai, s’est déclarée prête à verser une prime de départ de 5 000 euros aux candidats travailleurs qui quitteraient leur nouvel emploi au cours des deux premiers mois. Un pari par lequel ce bureau de comptabilité et d’audit a voulu démontrer sa certitude que toute personne qu’il engage ne partirait pour rien au monde. « C’est vrai qu’il est essentiel de conserver les talents actuels. », poursuit Johan Driessens. « Le Saint-Graal n’existe pas non plus ici. Ce dont les gens ont besoin pour se sentir heureux relève purement de la psychologie humaine. ».

Reste à savoir si cette épreuve de force durera encore longtemps. « L’économie a des ratés et l’inflation est élevée. Les prix des denrées alimentaires et de l’énergie s’envolent. Il est normal que les organisations aient besoin de faire des économies rapidement. Le recrutement de travailleurs n’est alors plus une priorité. », explique l’économiste du travail. Johan Driessens ajoute que le recrutement ne doit pas nécessairement être coûteux. « Faites confiance à votre intuition et associez-y de solides compétences en communication et une grande créativité. Cela fonctionne mieux qu’une énième campagne interchangeable. ». 

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