intelligence artificielle
RH

L’intelligence artificielle au service de l’homme

24.10.2019
par Fokus Online

L’intelligence artificielle est un formidable outil, c’est certain. Dans les films hollywoodiens, elle représente souvent une menace. Pourtant, c’est une source d’opportunités au spectre très large. « L’IA rendra le contenu de notre travail plus humain. »

Grégory Renardy
Directeur national de Michael Page

Comment votre organisation tire-t-elle profit de l’intelligence artificielle?

« À l’heure actuelle, Michael Page, spécialiste du recrutement, profite avant tout de l’absence de l’intelligence artificielle, ou pour être précis, du fait qu’il s’agit davantage d’un concept pour le marché futur. De nos jours, l’intelligence artificielle est encore incapable de remplacer totalement l’intervention humaine. Pour cette raison, nous avons fortement développé notre organisation ces dernières années. Aujourd’hui, les clients ont plus besoin de recruteurs que de nouvelles technologies. »

Quels sont les futurs défis?

« Il nous reste encore un long chemin à parcourir. Imaginons une application de rencontre entre employeurs et candidats, comme on en connaît pour l’immobilier ou les relations amoureuses. Et qui n’intégrerait pas uniquement des critères classiques: type de poste, niveau d’études, localisation, fourchette salariale. Imaginons qu’elle intègre également des paramètres liés aux compétences personnelles du candidat et de l’employeur. Cet outil permettrait de détecter que telle personne avec ses émotions, ses valeurs, ses ambitions et ses craintes s’épanouira dans tel environnement de travail, au contact de ce type de personnalité, dans une société portant ce type de valeurs. »

Quels sont les bénéfices pour les collaborateurs?

« L’IA pourrait améliorer le processus de sélection en éliminant les candidats et les employeurs qui ne conviennent pas. Lors d’un recrutement, le manque de compétence d’un candidat ou un profil surqualifié est une cause classique d’échec. Un recruteur professionnel peut facilement identifier ces facteurs en amont. En revanche, une inadéquation entre les valeurs d’un individu et celles de sa future entreprise, l’environnement de travail. Ou encore l’inadéquation entre la personnalité du candidat et celle de son superviseur direct sont des exemples de concepts bien plus compliqués à identifier à l’heure actuelle. L’IA permettrait à tout le monde de gagner du temps. »

Jeroen Franssen
Senior Expert Talent, Labour Market & Organisation Agoria

Comment votre organisation tire-t-elle profit de l’intelligence artificielle?

« La numérisation et l’intelligence artificielle auront un impact majeur sur l’organisation du travail. Nous devons tenir compte du fait qu’à partir de 2020, nous n’aurons plus assez de mains et de cerveaux pour garantir la prospérité de notre pays. L’intelligence artificielle peut assurer un meilleur équilibre sur le marché du travail. Il est vrai que l’IA rendra certains emplois redondants. Je crois toutefois qu’elle constitue un apport positif dans un contexte où la demande de main-d’œuvre sera pour la première fois supérieure au nombre de travailleurs disponibles. »

Quels sont les futurs défis?

« Pour bénéficier au maximum de la numérisation et de l’intelligence artificielle, on doit rapidement former des personnes compétentes dans ce domaine. En premier lieu, les vrais spécialistes de l’IA et les entrepreneurs qui réalisent leurs idées et leur modèle d’entreprise en se basant sur l’IA. Nous estimons que nous aurons besoin d’environ 2000 experts en IA dans les 10 prochaines années. Cependant, le principal défi consistera à sensibiliser des centaines de milliers de professionnels de l’IA afin qu’ils se sentent à l’aise et y recourent dans leurs tâches quotidiennes. »

Quels sont les bénéfices pour les collaborateurs?

« L’IA rendra le contenu de notre travail plus humain et plus en accord avec nos qualités humaines. Les activités répétitives, le travail ennuyeux et les évaluations ardues ne feront plus partie de nos tâches. De plus, l’IA et le support technologique faciliteront l’emploi sur le marché du travail pour tout un groupe de personnes possédant un maigre bagage de compétences. »

Yves Slachmuylders
Partner McKinsey Belgium

Comment votre organisation tire-t-elle profit de l’intelligence artificielle?

« D’une part, notre centre de recherches macroéconomiques, le McKinsey Global Institute (MGI) a récemment publié les résultats d’une enquête approfondie sur l’avenir du travail et la manière dont les technologies utilisant l’intelligence artificielle influenceront l’emploi de demain. Une des conclusions clés de ce rapport est que ces technologies ne menacent pas nécessairement l’emploi. Si la transition est bien gérée, elles peuvent même créer de nouveaux emplois dont une partie n’existe pas encore aujourd’hui. Par exemple dans le domaine de l’analyse, le screening et la protection de données. D’autre part, “Digital and Analytics”, notre pôle en pleine croissance, travaille sur des solutions d’intelligence artificielle. »

Quels sont les futurs défis?

« Les différents acteurs de l’écosystème de l’emploi ont un rôle majeur à jouer dans la transition vers ces nouvelles technologies. À commencer par les employés: selon l’OCDE, notre pays n’a pas une culture forte de formation continue. Cependant, le “reskilling” (requalification professionnelle) sera clé, car plus de 90 % des jobs actuels seront – en partie – affectés par l’automatisation des tâches. Les entreprises devront faciliter l’accès à la formation et organiser en partie la formation interne pour garantir l’acquisition de compétences spécifiques. La politique peut créer le cadre régulateur nécessaire pour promouvoir la formation continue et attirer des investissements. Quant à l’enseignement, il devra aussi s’adapter. »

Quels sont les bénéfices pour les collaborateurs?

« Comme cela a été le cas dans le passé avec d’autres technologies, l’intelligence artificielle a vocation à améliorer la productivité. Le remplacement de tâches répétitives libère du temps que les collaborateurs peuvent injecter dans d’autres activités. L’IA ouvre également de nouvelles opportunités. Comme des éclairages nouveaux sur le comportement du consommateur ou la compréhension d’un processus de production. En conclusion, le bien-être au travail sera amélioré si, par exemple, les technologies sont appliquées dans les processus RH en matière de développement de carrière, de recrutement ou de formation. »

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