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Comment endiguer les pénuries de recrutement dans l’IT et le secteur infirmier ?

26.05.2022
par Bastien Craninx

Le monde du travail en Belgique semble bien se porter selon les dernières études. Les démissions diminuent et le bien-être au travail augmente. Pourtant, deux secteurs traînent encore la patte : le secteur infirmier et celui de l’IT. Focus ! 

Face aux nombreux chamboulements économiques qu’a connu le monde récemment, on aurait pu croire que le nombre de turnover et de démissions aurait augmenté ces dernières années. Et pourtant, il n’en est rien. Seuls 8,1% de tous les contrats ont été résiliés volontairement ou involontairement en 2021, soit une baisse de 16% par rapport à l’année 2020. Le niveau de rotation est, lui, historiquement bas et en baisse pour la première fois depuis 10 ans dans la majorité des secteurs*. Le monde de l’emploi se porte donc relativement bien en Belgique. Malheureusement, il existe toujours des exceptions. Et c’est surtout le secteur médical et celui de l’IT qui connaissent les plus grosses difficultés.

Tout le monde a encore en mémoire la lutte insensée qu’a menée le corps infirmier durant la récente pandémie. La situation a révélé le malaise que le secteur vivait depuis de nombreuses années. Et pour Adrien Dufour, président de la Fédération Nationale des Infirmiers de Belgique, tout tient dans la fracture entre les promesses de l’Etat et la réalité des soignants au quotidien. “Chaque semaine qui passe sans rencontrer nos attentes, c’est la possibilité d’une défection de plus”. Pour lui, il n’y a pas de secret, le métier a besoin d’un réel coup de pouce. L’une des premières choses à faire serait de revaloriser le métier. “Il faut donner une image de la profession positive aux enfants dès le secondaire pour faire naître des vocations”.

Mais qui dit image positive, dit également meilleures conditions de travail. Et au contraire de ce qui est généralement proposé, cela n’implique pas uniquement la revalorisation salariale. “Il est indispensable qu’on nous redonne une certaine autonomie. Nous devons être impliqués dans la gestion des patients”. D’autres mesures phares sont indispensables, comme l’entretien de bonnes relations avec les supérieurs hiérarchiques, la diversité du travail, la considération au sein d’une équipe pluridisciplinaire, la conciliation vie privée / vie professionnelle ou encore la reconnaissance de la pénibilité de la profession. Autant dire qu’un chantier de grande envergure est nécessaire.

Chaque semaine qui passe sans rencontrer nos attentes, c’est la possibilité d’une défection de plus.

— Adrien Dufour, président de la Fédération Nationale des Infirmiers de Belgique

Dans le secteur de l’IT, si la pénurie de profils se fait également sentir, elle n’a cependant aucun rapport avec les conditions de travail. “C’est un secteur au sein duquel la majorité des gens se plaisent énormément”, explique Manuel Pallage. Il est CEO de la société NSI. “Le taux de turnovers y est d’ailleurs relativement faible”. Le problème dans ce secteur réside plutôt dans une pénurie de ressources directement opérationnelles. La plupart des entreprises s’arrachent donc les quelques candidats disponibles sur le marché de l’emploi à coup d’offres salariales mirobolantes. Pour le patron de NSI, la solution est tout autre. “Il faut investir dans la formation : former les jeunes qui viennent de terminer leurs études, leur offrir une spécialisation et les rendre opérationnels au sein même des entreprises”. Mais les quinquagénaires ne doivent pas être en reste.

“Ce sont des personnes qui ont de la bouteille, il ne faut pas l’oublier! Il faut également les former aux nouvelles technologies”. Cela prendrait 4 à 6 mois. Mais le bénéfice serait au rendez-vous. Cette façon de faire permettrait aux apprenants de se sentir valorisés en même temps qu’ils assimileraient la culture de l’entreprise de la meilleure des manières. Concernant la fidélisation des collaborateurs, Manuel Pallage considère que les collaborateurs n’envisageront pas de changer de travail s’ils ressentent une véritable adéquation humaine avec leur employeur. “Il faut également proposer de la variété dans les missions et maintenir une culture familiale au sein de laquelle on travaille dur. Mais qui laisse aussi de la place à l’amusement.

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