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Chômage et crise : pourquoi faut-il miser sur la formation en alternance ?

Face à un marché de l’emploi complexe et à une crise sanitaire qui persiste, la recherche de solutions permettant de redynamiser l’économie est au cœur de toutes les réflexions.

Versatile et variée, la formation en alternance est un véritable tremplin dont le déploiement permet de compléter les formules d’enseignement dites « traditionnelles ». Au profit d’un apprentissage professionnalisant, d’une réorientation ou encore d’un désir d’entrepreneuriat, l’alternance vient ouvrir la voie vers des métiers en pénurie aux débouchés quasi certains… mais pas que ! Alors, oui jouer le jeu de l’alternance semble tentant, mais à qui s’adresse-t-il et surtout pourquoi ?

Un modèle hybride

À mi-chemin entre le cours scolaire classique et le plongeon immédiat dans le monde du travail, l’alternance est un outil hybride qui a, en réalité, tout pour plaire au plus grand nombre. Dispensée dans des centres de formation présents à travers le pays, elle ne fait d’ailleurs pas de discrimination d’âge ou de parcours professionnel. Eh oui, qu’il s’agisse de jeunes adultes à la recherche d’une formation initiale ou d’adultes plus expérimentés et motivés par un souhait de reconversion, les profils de candidats sont aussi variés que la panoplie de métiers mis en avant. 

Pour Vincent Giroul, directeur général de l’efp, un centre d’alternance actif à Bruxelles depuis plus de 50 ans, ces valeurs et le large catalogue de formations sont la base même de leur mission qui vise à valoriser certaines professions ainsi qu’à permettre aux individus de se réinventer. « De 15 à 65 ans, les formules d’apprentissage n’ont ni âge ni genre. Pour les jeunes adultes de 15 à 23 ans tout comme pour des adultes dont l’âge peut osciller entre 23 et 65 ans, il existe une formation pour accompagner chacun dans sa recherche de professionnalisation, désir de perfectionnement et/ou dans sa création d’entreprise. Actuellement, notre éventail s’étend à 94 formations et 27 d’entre elles couvrent des fonctions critiques, c’est-à-dire en pénurie. »

Incubatrice et révélatrice de talents, cette formule éducative répond donc aux besoins d’adultes ne voyant pas les cours ex cathedra correspondre à leurs attentes. 

Un succès chez nos voisins

En Allemagne, en Autriche, en France comme en Suisse, l’alternance aussi connue sous les noms de « contrat d’apprentissage » ou encore de « contrat de professionnalisation » est un système d’enseignement déjà intégré dans les cultures sociales. En effet, cette combinaison entre l’apprentissage pratique en entreprise et l’enseignement théorique en milieu scolaire y a d’ores et déjà fait ses preuves. En plein essor malgré la crise économique et sanitaire liée au coronavirus, ce mode d’apprentissage a d’ailleurs pulvérisé tous les records dans l’hexagone. Avec une augmentation spectaculaire de 40 % des contrats d’apprentissage dans le secteur privé l’an dernier, l’engouement pour ces contrats hybrides est en plein boom chez nos voisins français. Mais comment s’explique cette réussite de l’autre côté de nos frontières, et surtout pourquoi ? 

Pour Vincent Giroul, plusieurs points peuvent permettre de mettre cet essor en lumière et parlent d’eux-mêmes. « Pour comprendre les avantages que procure la formation en alternance, il faut avant tout comprendre de quoi il s’agit. Lors d’un stage en entreprise, le savoir-être est un acquis essentiel dont bénéficient les stagiaires qui choisissent ce mode d’enseignement. L’utilité de l’alternance, c’est de permettre aux jeunes, comme aux moins jeunes, de faire des allers-retours entre les compétences théoriques et le fait de mettre la main à la pâte. D’ailleurs, 86 % des personnes en stage en entreprise qui terminent une formation trouvent un emploi dans les six mois. Un taux bien supérieur à l’université. Pourtant, actuellement, la culture de l’alternance n’est toujours pas belge. En Suisse, 40 % des jeunes de moins de 23 ans sont inscrits dans ce type de formation et le taux de chômage y est de 2,4 %. Il y a donc matière à réfléchir sur le rôle que peut jouer la promotion d’un enseignement hors du circuit scolaire classique sur le taux d’emploi d’un pays et l’ensemble de l’économie ».

86 % des personnes en insertion qui terminent une formation trouvent un emploi dans les six mois. 

Dans le viseur des gouvernements 

Filière de qualité et d’excellence, la formule de l’alternance assure la liaison entre le monde du travail et les citoyens n’ayant pas trouvé leur compte dans l’enseignement classique. Lorsqu’il est inscrit dans un environnement cadré et correctement mis en place, ce mode d’enseignement hybride est non seulement rentable pour les entreprises grâce à son coût attractif de main-d’œuvre, mais il agit aussi favorablement quant à l’employabilité et les perspectives de développement professionnel des stagiaires. En associant un salaire qui oscille entre un minimum de 281 euros bruts/mois et 928 euros bruts/mois selon le profil et le parcours ainsi que la connaissance grandissante du monde du travail, le pari est gagnant pour tous les intervenants. Quand on demande au directeur de l’efp, Vincent Giroul, si la formation en alternance est une branche d’avenir, le constat est sans appel. 

« Avec un taux d’employabilité supérieur à tous les types d’enseignement classique, la formation en alternance a de quoi susciter l’intérêt du plus grand nombre. Au fil des ans, il ne faut pas oublier que la formation en alternance évolue, elle aussi, au gré des besoins du marché du travail, mais aussi selon les désirs exprimés des futurs candidats. Loin des idées reçues où seuls les métiers de la construction et du petit artisanat sont représentés, il existe également des formations en adéquation avec le marché d’aujourd’hui. Par exemple, on y retrouve les professions d’agent immobilier, courtier en assurance, micro-brasseur, maraîcher urbain et bien d’autres encore. De plus, pour beaucoup, être employé dans un nouveau secteur n’est pas la finalité recherchée dans la formation. En général, 20 % des personnes ou apprenants qui terminent une formation adulte vont créer leur entreprise. Sur ces 20 %, 10 % vont générer de l’emploi. »

Dès lors, les formes d’encouragement et initiatives visant à stimuler celle qui réduit le risque global de chômage et donc les coûts sociétaux potentiels vont bon train. 

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Primes à la clé

L’heure de cette formation hybride a-t-elle enfin sonné en Belgique ? Vous l’aurez compris, elle ne demande qu’à être découverte et explorée. De la prime « activa.brussels » pouvant atteindre 15 900 euros sur 30 mois à la prime « Tuteur » allant de 1 750 euros à 3 000 euros nets par an pour chaque tuteur accompagnant 1 à 4 stagiaires simultanément, la Région de Bruxelles-Capitale s’active. De fait, elle multiplie les incitants financiers à la formation en alternance aux employeurs, aux apprenants et aux opérateurs de formation.

Pour réduire les coûts des employeurs et contribuer à l’essor de cette formule, la prime « Tuteur » est d’ailleurs une petite révolution à elle seule. Pourquoi donc ? Jusqu’à présent cette prime était octroyée pour les jeunes de moins de 25 ans par le gouvernement bruxellois. Afin de renforcer ces effets positifs et encourager son développement en 2021-2022 sur proposition de Bernard Clerfayt, Ministre bruxellois de l’Emploi et de la Formation professionnelle, elle peut désormais être perçue pour des candidats dont l’âge va jusqu’à 65 ans et son octroi sera prolongé jusqu’à la fin juin 2022. De quoi continuer à séduire les entreprises désireuses (secteur privé, commercial ou industriel, secteur non marchand et secteur public) de rejoindre l’aventure de l’alternance et inciter à embaucher de nouveaux apprentis. Pour ce faire, il suffit à l’employeur d’effectuer sa demande d’obtention de la prime auprès d’Actiris et de répondre à un certain nombre de conditions. 

Les conséquences irréversibles de la crise sanitaire

À l’heure d’une nouvelle année, du bilan et des bonnes résolutions, force est de constater que les conséquences irréversibles de la crise sanitaire ont poussé de nombreux Belges à repenser leurs foyers, leurs vies ainsi que leurs plans personnel et professionnel. Selon le directeur de l’efp, ces questionnements peuvent trouver réponse dans la formation en alternance. « Grâce à ce modèle pédagogique hybride et flexible, les apprenants développent des capacités très importantes qui leur permettent de faire face à des crises comme celle que nous connaissons aujourd’hui. En effet, ils s’y font des armes leur permettant de s’adapter, de collaborer, de rebondir et surtout de faire preuve de solidarité et de créativité. Par le biais des primes octroyées aux entreprises pour en encourager le développement, on ne peut qu’espérer une croissance de la place de l’alternance dans notre système d’enseignement actuel. »

Le petit plus que l’on n’attendait pas ? Une nouveauté qui vient répondre du tac au tac aux attentes nées de la croissance du télétravail et de la place grandissante prise par le numérique dans la réalisation d’une série de tâches : l’apprentissage des bases du digital. Sans aucun doute pour Vincent Giroul, cet ajout au programme de la formation en alternance vient encore renforcer la valeur de celle qui, jusqu’à présent relayée au second plan éducatif en Belgique, apparaît encore comme le vilain petit canard de la famille. « Toutes les professions sont touchées par la transformation numérique, un centre de formation a pour vocation de fournir des solutions et se doit d’être au rendez-vous pour développer les compétences techniques liées à une nouvelle profession, mais aussi les connaissances digitales de ses apprenants. »

17.02.2022
par Célia Berlemont

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Depuis sa création il y a plus de 50 ans, l’efp n’a cessé de croître pour devenir aujourd’hui un centre bruxellois de formation en alternance qui propose plus de 94 métiers dans 3 filières : la formation en apprentissage (pour les jeunes de 15 à 25 ans), la formation adulte (à partir de 18 ans), la formation continue et les formations de développement à l’entrepreneuriat (appelée « Passeport réussite »). 

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