économie circulaire
Business

L’économie circulaire pour un business plus viable

02.03.2023
par Bastien Craninx

L’économie circulaire est un modèle économique d’avenir. Mais encore faut-il réussir à l’inclure dans le business model de son entreprise. Trois entreprises bien différentes nous expliquent comment elles s’y sont prises.

économie circulaireClémentine Menil
Directrice de AID Val de Senne asbl

Comment avez-vous intégré l’économie circulaire au sein de votre activité ?

« AID Val de Senne propose divers services et formations répondant à des besoins locaux. Notre service Atelier Valor propose la fabrication de mobiliers sur-mesure et de solutions d’aménagements d’espaces professionnels essentiellement à partir de déchets de bois issus de nos activités de chantiers et de partenaires industriels. Afin de faciliter ce cycle de transformation, notre service Woodothèque se consacre au ramassage, tri, préparation et stockage du bois dit déchet pour le rendre prêt au réemploi. Cette activité permet également la mise en situation professionnelle de personnes sans emploi. Quant aux déchets restants, ils chauffent notre atelier. »

Enjeux environnementaux et enjeux économiques : comment équilibrer les deux ?

« Aujourd’hui, la gestion des déchets est coûteuse pour toute entreprise. Au quotidien, trouver un équilibre entre les enjeux environnementaux, économiques et sociaux est un véritable défi qui nous oblige à repenser nos modèles de production et nos modes de consommation. En tant qu’Entreprise de Formation par le Travail, notre modèle accorde une grande importance à la dimension sociale, visant à favoriser l’employabilité de personnes peu qualifiées dans des secteurs en développement. Aussi, considérant que pour que l’usage des matériaux de réemploi se banalise il ne doit pas rester une niche, nous visons à proposer des solutions et services au coût le plus juste. »

Quelles pistes pour aller vers plus de « circularité » dans le business ?

« Les initiatives d’économie circulaire ont besoin de visibilité pour se pérenniser. Les constats sociaux actuels tels que les pénuries récurrentes, vague de démissions, sherwoodisation des plus précaires… démontrent la nécessité de favoriser la création d’emplois porteurs de valeurs. A notre échelle, nous visons à étoffer nos services et formations dans cette perspective. Ainsi, nous démarrons une activité de up’cycling et re-garnissage de mobiliers de 2ème main : relooker les meubles de papi-mamie pour qu’ils s’intègrent à notre intérieur plutôt que de finir au parc à conteneurs. La diversification des solutions de réemploi est une nécessité environnementale mais aussi sociale. »

entreprendreEmmanuel Mossay
Director of Research & Innovation at EcoRes

Comment avez-vous intégré l’économie circulaire au sein de votre activité ?

« L’économie circulaire fait partie du cœur d’activités d’EcoRes depuis sa création en 2007. Nous accompagnons les entreprises dans le développement et l’implémentation de leurs stratégie de transition climatique et circulaire. Cela commence par une analyse de leur business model et de leurs performances en termes de ressources matérielles avant de leurs recommander les mesures et les alliances les plus adaptées pour  réduire leur impact environnemental (y compris les émissions de CO2), augmenter la résilience de leurs chaînes d’approvisionnement mises sous tension (inflation et indisponibilité des matériaux), et réduire le coût de gestion de leurs déchets-ressources. »

Enjeux environnementaux et enjeux économiques : comment équilibrer les deux ?

« Repenser ses activités économiques en réduisant ses externalités permet d’innover tout en réduisant ses coûts. Des entreprises telles que Cosucra ou NNOF en font la démonstration dans leurs secteurs respectifs. Cela demande un travail inclusif avec l’ensemble des parties prenantes, afin d’identifier les activités nocives pour l’environnement et pour le business. Tout est relié et les nouvelles obligations européennes (publications ESG, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, etc.) obligent les (grandes) entreprises à s’intéresser à leur exposition face aux risques climatiques, ainsi qu’à leur contribution à l’amélioration de l’environnement et du climat. »

Quelles pistes pour aller vers plus de « circularité » dans le business ?

« Les business models circulaires les plus vertueux sont ceux qui visent à découpler l’activité économique d’une entreprise et son empreinte matérielle, énergétique et climatique. L’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC) est un des modèles qu’EcoRes recommande aux entreprises afin de développer leur valeur ajoutée en complétant une offre de produits et services par une offre de performances fonctionnelles répondant aux usages spécifiques de leurs clients, tout en réduisant la consommation de ressources sur l’ensemble de la chaîne de valeur. L’EFC est une opportunité pour mieux connaître et fidéliser ses clients et augmenter sa résilience commerciale et financière. »

économie circulaireDidier Demoulin
Directeur de Dureco

Comment avez-vous intégré l’économie circulaire au sein de votre activité ?

« La Ressourcerie Famenne Ardenne et Gaume (FAG) développe un service gratuit de collecte à domicile de biens de seconde main réutilisables en l’état . L’objectif n’est pas simplement de collecter ces biens mais aussi de leur permettre de retrouver une seconde vie au sein d’un large réseau de magasins répartis sur la région. Nous créons une conscience collective en province du Luxembourg autour de la réutilisation. L’objectif est de parvenir à l’horizon 2025 à la réutilisation de 4 à 5 kilos par an et par habitant de biens du quotidien. Lorsque le projet a été lancé en 2021, cette zone de Belgique ne réutilisait que 300 grammes par an et par habitant. A ce jour, cette performance a quadruplé. »

Enjeux environnementaux et enjeux économiques : comment équilibrer les deux ?

« La majeure partie des Ressourceries développées en région wallonne sont portées par des acteurs d’économie sociale. En effet, là où la plupart des acteurs de l’économie traditionnelle ont pour but principal la recherche de profit, les acteurs d’économie sociale réinvestissent le résultat. Le constat des Ressourceries est majoritairement le même : la vente de biens de seconde main ne permet pas de financer l’entièreté de l’activité.
Dans le cas de la Ressourcerie Famenne Ardenne et Gaume, il est primordial de trouver un moyen de financer l’activité de collecte de biens. Ainsi, les ressources financières sont généralement en partie publiques. »

Quelles pistes pour aller vers plus de « circularité » dans le business ?

« Nous jouons un rôle important de « lobbying » par rapport à un mode de consommation plus responsable du citoyen. Cette mission se développe au travers d’un plan de communication visant à atteindre toutes les tranches d’âge et tous types de profil, notamment par  la diffusion régulière d’articles dans la presse locale, une présence accrue sur les réseaux sociaux, une présence lors d’événements locaux et le développement d’un réseau de partenaires locaux (associations locales, donneries, maisons Croix Rouge, petits commerces, etc.) Par ailleurs, un vaste réseautage auprès des instances politiques locales permet d’imprégner cette dynamique de réutilisation au cœur même de la vie locale. » 

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