reverse factoring
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Le reverse factoring : une solution pour votre entreprise ?

02.03.2023
par Lieven Desmet

Le reverse factoring, aussi nommé supply-chain financing, est une forme de financement encore peu répandue en Belgique. Par son biais, une banque prend en charge à la place d’un client les créances de ses fournisseurs. Cette technique de financement est en plein essor.

Le reverse factoring, ou affacturage inversé, est un financement basé sur les créances : des clients qui ont reçu une facture mais ne l’ont pas encore payée. « Un partenaire externe, une banque ou une autre société spécialisée (le factor) prend alors en charge ces factures à leur place », explique Eric Van den Broele de l’agence de données financières Graydon. « Ce factor paie le montant dû, souvent immédiatement, ce qui permet au fournisseur d’éviter les délais de paiement parfois très longs. Le débiteur paye ensuite la facture au factor. »

Grâce au reverse factoring, les entreprises peuvent accéder plus rapidement à l’argent immobilisé dans les factures impayées. Ce qui, surtout pour les petites entreprises, peut s’avérer très utile. En effet, les grandes entreprises utilisent de plus en plus leur pouvoir de négociation pour allonger les délais de paiement. En moyenne, les entreprises belges et le gouvernement ne paient leurs factures qu’à plus de 40 jours. Et les retards de paiement peuvent entraîner des problèmes de liquidités pour les fournisseurs. Surtout pour les petites entreprises ou les travailleurs indépendants qui ont besoin de suffisamment de liquidités pour payer leur personnel ou leurs propres fournisseurs, investir dans de nouvelles machines ou renouveler leurs stocks. « Une pénurie de liquidités est l’une des plus grandes menaces pour la survie des entreprises », affirme Graydon. C’est pourquoi des instruments financiers ont été développés pour leur permettre de générer des liquidités supplémentaires.

En moyenne, les entreprises belges et le gouvernement ne paient leurs factures qu'à plus de 40 jours.

Une demande en forte hausse

L’un de ceux-ci consiste à monétiser les flux de trésorerie futurs (l’argent dû à l’entreprise mais qu’elle n’a pas encore perçu) à un stade précoce. Gerrit Budts, porte-parole de l’organisation d’indépendants Unizo, affirme que le reverse factoring n’est pas encore très pratiqué chez nous. Pour Arnaud Snyers, responsable d’ING Commercial Finance Belux, il est surtout utilisé par les grands acteurs. «  Ce n’est qu’à partir d’un chiffre d’affaires d’environ 5 millions d’euros que les banques l’autorisent. » 

En effet, la banque ou la société d’affacturage assume intégralement les risques de défaut de paiement. « C’est ce qu’on appelle le non-recours », explique Eric Van den Broele. La société d’affacturage ne peut pas non plus récupérer le montant payé au fournisseur. Sur la base de la facture approuvée et de la solvabilité de l’acheteur, elle supportera elle-même ce risque. Seule la solvabilité du débiteur compte. 

Si, en tant que PME, vous possédez un client régulier et important, l’affacturage inversé est souvent possible. Arnaud Snyers : « Les grandes entreprises comme Carrefour ou Albert Heijn, qui travaillent avec de nombreux petits fournisseurs, l’utilisent. Ces derniers enregistrent leur facture sur une plateforme et ils perçoivent leur argent presque immédiatement via la banque. Celle-ci devient propriétaire de la facture et Carrefour ou d’autres gros clients paient ensuite la banque. » Mais cela a un prix, car la banque ou l’entreprise veut elle aussi gagner de l’argent et couvrir les risques qu’elle prend. Les taux de rémunération oscillent donc entre 0,50 % et 2 % du chiffre d’affaires annuel. Et certaines entreprises ou banques travaillent plutôt sur base du montant de la facture. 

Selon Arnaud Snyers, il y a encore une dizaine d’années, l’affacturage avait une image assez négative de produit destiné aux entreprises en difficulté. « Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. C’est une technique de financement saine et de qualité. En ces temps d’augmentation des coûts, la demande d’affacturage inversé a donc tout naturellement augmenté. » 

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