ESG
Finance

Les titres ESG en assurance vie : un réel potentiel à bien analyser

08.06.2023
par Bastien Craninx
ESG

Alexandre Grimault, Chief Executive Officer chez ProCapital

Les investisseurs en assurance vie prêtent de plus en plus d’attention aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Mais ils ne doivent pas foncer tête baissée, une analyse rigoureuse s’impose.

Les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) sont devenus des incontournables pour les investisseurs et les institutions financières soucieux de l’impact de leurs investissements sur la durabilité et la responsabilité sociale. Cette tendance se reflète dans le domaine des assurances vie et des titres, où de plus en plus d’investisseurs cherchent des options alignées sur les principes ESG. « C’est effectivement un sujet d’actualité », confirme Alexandre Grimault, Chief Executive Officer chez ProCapital  Les investisseurs en assurance vie tiennent de plus en compte des normes éthiques internationales. Mais ce n’est pas tout ». Selon l’expert, les pratiques de gouvernance solides et transparentes sont également essentielles à leurs yeux, au même titre que l’importance de la diversité et l’impact environnemental des entreprises dans lesquelles ils placent leur argent. 

Mais existe-t-il de réels avantages à investir dans des titres ESG ? « Au-delà de l’impact que vous aurez sur l’environnement et la société, plusieurs études ont démontré que ce type de placement avait également un effet positif sur les performances financières d’une entreprise ». Malgré un coût de base souvent plus élevé qu’un investissement traditionnel (dû aux recherches et analyses supplémentaires nécessaires pour les critères ESG), les titres ESG sont plus rentables sur le long terme. Si ces titres manquent également de liquidités (ce qui joue sur leur facilité de revente), ils offrent cependant certains avantages fiscaux. » Certains gouvernements valorisent en effet ce type d’investissements à l’aide de différents incitants et subventions ». 

Il est également important de noter que ces titres sont liés à des risques inhérents à leur nature. « Ils peuvent par exemple être sujets à des changements de réglementation et à des risques de réputation ou liés aux droits de l’homme », précise Alexandre Grimault. Rappelons qu’ils correspondent surtout à un investissement-promesse par rapport aux critères. Si ces derniers ne sont pas respectés, cela peut avoir un impact réel sur la valorisation des titres. « D’où l’importance pour les investisseurs de faire preuve de prudence dans l’analyse rigoureuse et le choix des produits ».  

Si une compagnie d’assurance a une forte exposition à des secteurs à haut risque social, cela peut affecter sa note ESG.

Dès lors, comment s’y prendre ? Pour intégrer les considérations ESG dans leurs stratégies d’investissement, les compagnies d’assurance peuvent investir dans des fonds ESG. » C’est une approche assez simple qui leur permet de respecter les critères susmentionnés », poursuit Alexandre Grimault. » Elles pourront ensuite utiliser leur pouvoir d’investissement et peser de tout leur poids dans le cadre du dialogue et des votes au sein des assemblées générales ». 

Un investissement socialement responsable dans certaines entreprises spécifiques peut également être envisagé. »  Même si cette pratique nécessite une analyse plus complexe de la situation et des risques, elle apparaît comme plus pertinente dans la détermination d’une stratégie ESG ». En effet, elle permettra d’éliminer définitivement certaines entreprises ne répondant pas aux critères souhaités.

Pour faciliter cette démarche, les investisseurs peuvent se référer aux notes attribuées en termes de performance ESG par les agences de notation. » Cela permet de comparer les compagnies d’assurance entre elles ». L’analyse de la performance financière est aussi primordiale. « Si une compagnie d’assurance a une forte exposition à des secteurs à haut risque social, cela peut affecter sa note ESG, par exemple ». Il reste cependant pas mal de chemin à parcourir concernant l’uniformité des méthodes d’attribution et les grilles d’analyse sous-tendant ces notes. « Nous aurions besoin d’une norme internationale qui favoriserait des comparaisons robustes. Ce qui, il faut l’avouer, perturbe encore les investisseurs à ce stade ». 

Autre défi tout aussi important : la nécessité pour les entreprises de disposer des compétences pour intégrer les critères ESG à leurs politiques d’investissement. » Il faut trouver ces compétences et cela a un coût non négligeable », poursuit Alexandre Grimault. » Et on ne parle pas que de moyens financiers. Il faut aussi disposer des données de qualité sur les émetteurs ». Or celles-ci sont souvent fragmentaires ou insuffisantes. » Cela peut constituer un obstacle à l’intégration des critères ESG ».

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