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Finance

Investissements “durables” : place à la transparence

08.06.2023
par Aline Cordier Simonneau

Les investisseurs sont de plus en plus enclins à opter pour des produits financiers durables, mais souhaitent être mieux informés sur les critères de durabilité. La législation européenne oblige les acteurs financiers à faire preuve de transparence.

Le marché de la finance durable et de l’investissement socialement responsable s’est structuré ces cinq dernières années. « Avec la régulation européenne SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) qui découle du Green Deal, les institutions financières sont désormais tenues de publier davantage d’informations en matière de durabilité au niveau de leur organisation, mais aussi des services et produits qu’elles proposent », explique Yann Fantoli, Operational Manager chez Forum Ethibel. D’autre part, les entreprises dans lesquelles les fonds investissent seront, elles aussi, progressivement tenues d’être plus transparentes sur leurs pratiques et performances en matière de durabilité.

La régulation européenne impose désormais un cadre concernant la durabilité des produits financiers, mais celui-ci est mis en place progressivement. « Le plan d’action de la Commission européenne sur la finance durable adopté en 2018 a donné naissance à un ensemble de mesures législatives qui entrent progressivement en vigueur. Tout n’est pas encore parfait, mais nous ne pouvons que nous réjouir d’observer davantage de transparence dans le secteur de la finance », estime Yann Fantoli.

En tant qu’investisseur, comment avoir la garantie de ne pas tomber dans le greenwashing ? « Ce risque reste présent étant donné l’augmentation du nombre de produits financiers qui se disent “verts” ou “durables”, mais le cadre législatif et la présence de labels permettent de réduire ce risque. Il existe également des certifications octroyées par des organismes indépendants. Ces outils offrent certaines garanties et permettent de faciliter la tâche de l’investisseur. Néanmoins, ils ont aussi leurs limites. Il reste important que les investisseurs prennent le temps de se renseigner sur les produits afin de comprendre s’ils répondent bien à leurs attentes », détaille Yann Fantoli.

Les clients attendent désormais davantage de transparence sur la durabilité des différents produits financiers.

Alain Flas, Investment Manager – Sustainable Investments chez Ethias.

Pour les acteurs financiers qui souhaitent s’engager sur la voie de la durabilité, la législation européenne concernant les obligations en matière de durabilité des investissements évolue rapidement. Et c’est justement là que le bât blesse. « Il y a beaucoup de nouveaux textes à comprendre et à implémenter en pratique », note Alain Flas, Investment Manager – Sustainable Investments chez Ethias. « La première étape pour un acteur financier consiste à identifier et gérer les risques en matière de durabilité mais aussi à prendre conscience de l’impact de son portefeuille d’investissements et à pouvoir mesurer cet impact. On parle bien sûr d’émissions de gaz à effet de serre financées, mais aussi d’impact sur la biodiversité par exemple ».

« La finance traditionnelle s’est construite autour du couple “risque” et “rendement”. Nous devons maintenant travailler à intégrer les critères d’ESG et de durabilité afin de prendre en compte l’impact des investissements sur le monde réel. Les clients attendent désormais davantage de transparence sur la durabilité des différents produits financiers. Les acteurs financiers sont prêts à communiquer de manière transparente sur la durabilité de leurs produits d’investissements, mais ils manquent parfois de données », ajoute Alain Flas. Pour les acteurs financiers, la mise en place d’une stratégie de décarbonation passe bien souvent par la mise en place de nouvelles règles de gouvernance.

« Pour les acteurs financiers, le plus important pour adresser le défi climatique est de mettre en place une démarche structurée à travers un plan de décarbonation. Ensuite, il faut passer de la parole aux actes et poser des jalons progressivement pour atteindre l’objectif ambitieux de neutralité carbone en 2050 », conclut Alain Flas.

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