Investir dans sa passion
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Investir dans sa passion

À côté des formules plus traditionnelles, certains secteurs, tels que le fashion, l’automobile ou l’art, sont de plus en plus prisés des investisseurs. Bonnes idées ou simples effets de… mode ? Trois experts nous répondent…

Els Keymeulen & Kristin Stoffels.
Fondatrices du Curated vintage webshop lefreddie.com

Est-il nécessaire d’engager une certaine somme dès le départ pour investir dans votre secteur ?

« La somme consacrée vous permettra de diversifier vos achats et de faire grossir votre investissement. Mais, à la base, il suffit d’une bonne idée pour se lancer, plus que d’une grosse somme de départ ! Bien que nous soyons spécialisées dans le vintage, tendance large s’il en est, et qui offre un excellent poste d’observation du secteur, je serais en revanche incapable de déterminer une période ou un style qui aurait particulièrement la cote. Tout dépendra du flair des acheteurs. Ces derniers sont perpétuellement en quête de durable dans tous les sens du terme, du beau, de ce qui faisait l’innovation. Ils cherchent principalement  sur les médias sociaux. Bref, il faut savoir où aller fouiner. »

L’investissement dans votre secteur est-il judicieux ?

« Bien entendu ! Les gens auront toujours besoin de porter des vêtements spéciaux, ou d’en posséder de rares dans leur garde-robe. C’est pour cette raison que les vêtements bien faits, et qui durent, ont la cote. Et que cela ne changera jamais. Un produit platement commercial, sans aucune attention pour l’éthique et le concept, a peu de chance de séduire des acheteurs. Le côté positif des réseaux sociaux tient au fait qu’il est possible de dénicher des choses très rares assez facilement. Les marques de vêtements ont toujours eu comme stratégie de toucher le public avec les bonnes pièces au bon moment. Quelque part, les acheteurs doivent donc faire de même dans leurs recherches. »

À quel profil d’investisseur s’adresse cette formule ?

« Pour moi, ce type d’achat s’adresse à des gens possédant quand même une notion du fonctionnement du marché de la mode, de ce qu’il représente et de ce qu’il comporte comme possibilités. Par nature, le business de la mode est très dépendant de… la mode. Et c’est valable pour les vêtements usuels autant que pour les pièces plus rares. Contrairement à d’autres secteurs restés très traditionnels, la mode se cherche, et se vend, sur un principe résolument multicanal. Notamment via WhatsApp. Mais, là encore, et surtout parce qu’il n’existe aucune structure pour conseiller les acheteurs, des connaissances minimales sur ce secteur sont indispensables pour faire de bonnes affaires. » 

Pierre Van Vliet.
Journaliste automobile, écrivain, consultant en sport automobile

Est-il nécessaire d’engager une certaine somme dès le départ pour investir dans votre secteur ?

« Forcément, une voiture représente une certaine somme. Donc, par nature, le ticket d’entrée est assez élevé pour investir dans l’automobile. Ensuite, c’est un secteur où prédomine encore un aspect affectif, sans doute absent dans d’autres domaines.  Les gens qui investir ici sont avant tout passionnés par les voitures, parfois même par certaines marques. Après, le marché de l’investissement automobile connait, lui aussi, des hauts et des bas. Par exemple, le prix de la Porsche 911 année 60 a été gonflé de manière artificielle. Et des gens ayant acheté ce modèle très cher se sont finalement retrouvés avec une voiture qui ne valait plus autant quand on a découvert que les prix avaient été surfaits. »

L’investissement dans votre secteur est-il judicieux ?

« Oui ! Le spectre des modèles susceptibles de prendre de la valeur est très large. C’est bizarre à observer : deux des modèles les plus recherchés se situent aux deux extrémités de la ligne des prix du neuf. La célèbre 2CV Charleston, est très prisée en bon état alors qu’elle ne coûtait pas très cher à l’époque ; et la Ferrari 250 GTO crève les plafonds à chaque enchère. Il n’en existe que 39 exemplaires, qui se négocient entre 50 et 70 millions d’euros quand l’un d’eux débarque sur le marché. Les voitures de sport connaissent aussi un certain engouement. La ‘‘Vaillante’’, signée Rebellion, qui a été alignée aux 24h du Mans 2017 s’est revendue récemment à 5 fois son prix initial. »

À quel profil d’investisseur s’adresse cette formule ?

« Pour résumé, je dirai avant tout à des passionnés qui ont les moyens ! Les gros collectionneurs, purs et durs, ont souvent investi dans des modèles rares et chers. Pour eux, c’est un peu ’’no limit’’ au niveau du budget ! Mais ce sont vraiment des fortunés, et ils sont rares. À titre d’exemple, au rayon sport, Sebastian Vettel, pilote de F1 plusieurs fois champion du monde, dont on pense qu’il n’est pas vraiment dans le besoin, a récemment expliqué « ne pas avoir eu les moyens », ou l’envie de les mettre, pour la Ferrari F2004 avec laquelle roulait Michael Schumacher. Si même lui a reculé devant l’obstacle, on n’ose pas imaginer le prix de vente de cette voiture ! »

Romain Monteaux-Sarmiento.
Directeur Communication & Marketing chez TAJAN Auction House

Est-il nécessaire d’engager une certaine somme dès le départ pour investir dans votre secteur ?

« Dans l’art, il n’y a pas d’apport minimum, la variété des objets et œuvres d’art que l’on peut acquérir est très large. D’autant plus qu’à côté du marché du neuf, dit ‘‘1er marché’’, existe aussi celui de l’occasion, le ‘‘2nd marché’’, c’est-à-dire les ventes aux enchères, accessibles au plus grand nombre. La valeur moyenne d’un objet d’art sur le 2nd marché est de l’ordre du millier d’euros. Un montant qui permet de faire de bonnes affaires si on suit attentivement les évolutions du marché. Concernant le 2nd marché, la stratégie idéale des maisons de vente consiste à toujours afficher des prix attractifs au départ. Car c’est le meilleur gage de bons résultats pour les vendeurs. »

L’investissement dans votre secteur est-il judicieux ?

« Oui, mais c’est sur le ‘‘moyen de gamme’’ que l’on peut faire de bonnes affaires, entre 20 et 100 000 €. Il faut veiller à six choses : suivre les tendances artistiques du moment et essayer d’anticiper les modes à venir ; ensuite, il vaut mieux acheter des œuvres originales donc uniques, les séries ou éditions limitées ayant un moins grand potentiel de valorisation. Ensuite, il faut veiller à la technique utilisée et faire attention à l’état général et à la période de création de l’artiste. Puisque certains moments de sa carrière sont plus recherchés que d’autres. Enfin, la provenance de l’œuvre est, elle aussi, essentielle. Parce qu’elle se vendra mieux si elle vient d’une collection prestigieuse. »

À quel profil d’investisseur s’adresse cette formule ?

« L’investisseur doit bien entendu suivre de près l’actualité artistique. Par exemple, quand un artiste connait une grande exposition, le prix de ses œuvres va grimper et permettre des plus-values en cas de passage aux enchères au bon moment. Mais il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas trop d’offres d’un artiste au même moment. Pour cette raison, le profil de l’investisseur doit être aussi financier qu’intéressé. Il existe des bases de données et des sites de cotation, comme artnet.fr, permettant d’analyser et d’investir le marché et les cotes des artistes, tout comme cela se faite en Bourse. Enfin, certains artistes étant plus recherchés que d’autres, le commissaire-priseur aura également une vocation de conseil. »

28.01.2021
par Frédéric Vandecasserie

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