Comment gérer inflation et indexation ?
Pour assumer l’inflation galopante et l’indexation qui lui colle aux semelles, il n’existe pas de solution unique. Mais bien un savant dosage de compréhension, d’anticipation et de diversification.
« Ne nous voilons pas la face ! Même étalée, l’indexation sera dure à avaler », prévient d’emblée Etienne de Callataÿ, expert financier et cofondateur d’Orcadia AM, société spécialisée dans la gestion de patrimoine. Dès lors, que faire outre tirer la sonnette d’alarme ? Voici quelques pistes de solution. Dont une première consistant à… ne pas aider tout le monde. « Je pense qu’il ne faut pas supporter les entreprises de manière indifférenciée. Je ne dis pas ça par pure provocation. Mais une aide généralisée reviendrait à subsidier des entreprises, dont certaines sont de toute façon vouées à la faillite. Et puis il ne faut pas « fossiliser » les entreprises, même si les conséquences restent dramatiques pour les employés, bien entendu. »
Ce constat posé, encore faut-il y voir clair entre les entreprises « à aider » et les autres. Là encore, pas de réponse tranchée car il reste très complexe de faire la différence entre des difficultés temporaires et durables. « Face à cette difficulté, je pense fermement qu’il faut soutenir les gens et non les entreprises », poursuit-il. « Car nous avons souvent remarqué qu’une aide n’incitait pas les entreprises à se constituer des réserves en cas de coup dur. »
Il importe de posséder un business plan résilient.
De la résilience…
Et puis, on en vient à la fameuse compétitivité. À ce propos, pas question de soutenir tout le monde non plus. « Les grandes entreprises qui ne sont pas actives sur le marché international ne doivent pas monopoliser les aides. » Par ailleurs, la formation du personnel joue elle aussi un rôle essentiel dans la lutte contre l’inflation.
« Des gens bien outillés auront davantage de polyvalence et s’adapteront donc mieux à d’autres activités. Car, contrairement à ce j’entends parfois sortir de la bouche de certains consultants, et qui me fait bondir : il ne faut pas tout miser sur une seule façon de procéder. On l’a vu durant la crise-COVID et notamment dans l’Horeca : les restaurants disposant d’une structure de livraison à domicile figurent parmi eux qui s’en sont le mieux sortis. En résumé, je plaide par un « matelas d’économie ». Ce n’est pas uniquement le fait de constituer une épargne pour faire face à d’éventuelles indexations, cela englobe aussi ce que j’appellerais « un business-plan résilient », qui miserait sur une diversification de l’approvisionnement, le on et off-line et autres pistes… Il faut cultiver cette résilience, car elle mène aussi à la compréhension des clients. »
Vers une compréhension des clients
Et ces fameux clients, comprennent-ils une hausse raisonnable des prix ? « Je le pense », tranche Bart Lombaerts, cofondateur de Spyke, PME spécialisée dans la fourniture de contenu aux entreprises. « Nous avons toujours pratiqué une gestion saine et vigilante, et nous en recueillons les fruits aujourd’hui, sous forme de la compréhension des personnes qui font appel à nous. Et tant mieux ! Car si ces dernières ne nous suivaient plus parce que nos augmentations de tarifs leur paraîtraient injustifiées, nous aurions un gros souci lié à l’inflation. », conclut-il.